Communication Non Violente (CNV) : un langage pour prévenir les tensions, pacifier les relations, et renforcer la santé mentale
Comprendre la CNV : un langage universel, enraciné dans l'écoute et la responsabilité
Par Magali Danjan – Accompagnante des émotions et des passages de vie, fondatrice de Plumes
Le 30/05/2025
Née dans les années 1970 sous l'impulsion de Marshall B. Rosenberg, psychologue américain et médiateur au sein du mouvement des droits civiques, la Communication Non Violente (CNV) est bien plus qu'une technique de communication. C'est une posture de conscience, une éthique relationnelle, et un langage au service de la paix.
La CNV repose sur un principe fondamental : derrière chaque parole dure, chaque acte violent, se cache un besoin inassouvi. En redonnant une place centrale aux besoins humains universels, la CNV nous invite à sortir des jugements et des reproches pour restaurer le lien, en soi et avec l'autre.
Elle s'inscrit aussi dans une compréhension fine du fonctionnement du cerveau. De nombreuses études en neurosciences affectives (notamment celles de Dan Siegel et Antonio Damasio) ont montré que mettre des mots sur ses émotions active le cortex préfrontal et diminue l'intensité des réactions impulsives. En d'autres termes : nommer, c'est déjà commencer à réguler.
La CNV propose ainsi une nouvelle grammaire relationnelle, un langage qui remet l’humain au cœur des interactions. Elle ne cherche pas à gommer les différences, mais à les rendre fécondes. Elle n’impose pas un modèle unique, mais permet à chacun de revenir à son propre centre, pour mieux rencontrer l’autre. En cela, elle est profondément inclusive, restaurative et préventive.
Le processus OSBD en détail
La CNV repose sur quatre étapes clés, qui forment le processus OSBD :
- Observation : Décrire les faits, sans les filtrer par notre interprétation.
- Exemple : « Tu es arrivé 20 minutes après l'heure convenue » au lieu de « Tu es toujours en retard ».
- Sentiment : Identifier ce que je ressens, en prenant la responsabilité de mes émotions.
- Exemple : « Je me sens frustré.e, inquiet.e, triste... »
- Besoin : Reconnaître le besoin universel qui est en jeu (respect, clarté, sécurité, autonomie...)
- Exemple : « J'ai besoin de ponctualité pour me sentir respecté.e »
- Demande : Formuler une demande concrète, positive et négociable.
- Exemple : « Pourrais-tu m'envoyer un message si tu penses être en retard ? »
Ce processus, s'il est simple sur le papier, demande une grande attention à soi, une déconstruction des automatismes, et une volonté de transformer la manière dont nous sommes en lien.
Il ne s'agit pas de gommer les conflits, mais de leur offrir un terrain d'expression qui n'ajoute pas de violence à la douleur initiale. Car chaque conflit contient, sous la surface, un besoin non écouté.
Et ce n’est pas un luxe réservé à une élite éclairée : c’est un besoin fondamental et universel. Nous avons tous besoin d’être vus, entendus, accueillis dans ce que nous vivons. Et plus encore dans les périodes de transition de vie, de bouleversement, de crise.
La CNV et la santé mentale : un outil de prévention majeur
La CNV est aujourd'hui un levier de santé publique. Selon l'OMS, la dépression sera la première cause d'invalidité dans le monde d'ici 2030 (Organisation mondiale de la santé, 2022). En France, 1 personne sur 5 souffre d'un trouble anxieux ou dépressif (Santé Publique France, Baromètre santé 2023). L'élément central lié à ces troubles ? L'isolement relationnel.
La CNV offre un antidote à cette solitude : en nous aidant à exprimer nos besoins et à recevoir ceux des autres, elle tisse des liens sincères et régule le stress chronique. Elle participe à une véritable hygiène émotionnelle, tout comme on prend soin de son corps ou de son alimentation.
En entreprise, selon une étude Apicil 2024, le mal-être psychologique représente plus de 50 % des arrêts longue durée, avec un coût estimé à 13 500 euros par salarié et par an. Former les équipes à la CNV, c'est agir sur la prévention primaire du burn-out, mais aussi sur la qualité des échanges, la motivation intrinsèque et la reconnaissance.
Par ailleurs, l’influence positive de la CNV sur les dynamiques de coopération, la gestion du stress, la résilience collective et l’autonomie décisionnelle est aujourd’hui documentée par de nombreuses pratiques de terrain. Là où l’écoute et la responsabilité individuelle se renforcent, les conflits se résolvent plus rapidement, et les équipes gagnent en fluidité, en engagement et en satisfaction.
La CNV à l'école, en famille, en entreprise
La force de la CNV, c'est son universalité. Elle peut être introduite dès le plus jeune âge, à travers des jeux, des dessins, des mises en situation.
- Un enfant de 6 ans peut dire : « Je suis triste parce que je voulais jouer avec toi ».
- Un adolescent peut découvrir qu'il a le droit de dire non, sans blesser.
- Un parent peut exprimer son besoin de calme sans faire taire son enfant, mais en créant une alternative.
- Une collaboratrice peut poser ses limites en disant : « Je me sens débordée, j'aurais besoin d'un temps de régulation ».
Dans mon expérience, la CNV m’a permis d’intervenir de façon ajustée dans des contextes très variés : écoles publiques, maisons de retraite, entreprises privées, collectivités territoriales, ou encore auprès de familles en crise ou de couples en perte de dialogue.
Chaque fois, la même clé revient : quand on s’écoute vraiment, quelque chose se détend.
Elle crée un espace où chacun peut exister pleinement, dans sa singularité et sans culpabilité. Elle redonne une voix à ce qui était resté tu — parfois depuis des années.
Pour les familles, les couples, les collectifs : un socle commun
Dans les familles, la CNV devient un langage commun. Elle ne gomme pas les conflits mais offre un cadre où chacun peut se dire sans blesser. Elle permet de sortir des schémas de pouvoir (parent dominant / enfant obéissant) pour entrer dans une co-construction respectueuse de la sécurité affective de chacun.
Dans les couples, elle aide à remettre la relation au centre, à nommer les besoins profonds sans accuser, à s'exprimer sans crainte d’être rejeté. Elle n’est pas une garantie de réussite, mais elle ouvre un espace de sincérité, là où les habitudes avaient figé les échanges.
Dans les groupes professionnels, elle transforme la manière d’aborder les tensions, les prises de décisions, les retours constructifs. La CNV devient un langage de gouvernance humaine, bien plus qu’un outil de médiation.
Elle est aussi un levier de transformation culturelle. Dans une époque où les modèles hiérarchiques sont remis en question, où la quête de sens et de reconnaissance est au cœur des attentes professionnelles, la CNV offre une boussole. Elle permet d'aligner l'éthique individuelle et l'efficacité collective, sans renoncer ni à l'un ni à l'autre.
Points de vigilance : ce que la CNV n'est pas
La CNV n'est pas une recette miracle. Mal comprise, elle peut être utilisée comme un masque de politesse ou un outil de contrôle.
Elle ne consiste pas à « bien parler », mais à « parler vrai ». Cela suppose d'être en lien réel avec ce qui se vit en nous. La présence à soi, la régulation du système nerveux et un espace sécurisé sont donc essentiels.
La CNV ne se décrète pas : elle se pratique, se vit, s’ajuste. Elle demande du courage et de la tendresse envers soi-même, pour désapprendre les réflexes défensifs, les jugements, les exigences, et réhabiliter le lien comme valeur première.
Lectures et ressources pour aller plus loin
- Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs), Marshall B. Rosenberg, Éditions La Découverte
- Cessez d'être gentil, soyez vrai, Thomas d'Ansembourg, Éditions de l'Homme
- La CNV au coeur de l'école, Éditions Jouvence
- L'intelligence émotionnelle, Daniel Goleman, Éditions Robert Laffont
- Le pouvoir de l'accueil, Isabelle Filliozat, Éditions JC Lattès
Conclusion : une compétence relationnelle essentielle pour demain
Dans une société en mutation, marquée par l'incertitude, la surcharge mentale et le besoin de lien, la CNV est une réponse éthique, pragmatique et profondément humaine. Elle ne promet pas la paix immédiate, mais elle trace un chemin vers une parole plus consciente, et donc plus libérée.
Elle est un outil central de mon accompagnement. Que ce soit pour soutenir un collectif professionnel, recréer du lien dans une famille, ou accompagner un individu dans la clarification de ce qu’il vit, la CNV offre un socle. Un ancrage. Une voie d’alliance.
Elle est, à mon sens, une compétence du futur. Une culture de la relation à intégrer, à transmettre, à incarner — pour nous-mêmes, et pour les générations à venir.
✨ Magali Danjan est accompagnante des émotions et des passages de vie. Fondatrice de Plumes, elle propose des accompagnements individuels, des ateliers et des interventions en structure, où la CNV est un fil rouge pour pacifier les tensions et réguler le stress.
www.plumes-arttherapie.fr
Références :
- Organisation Mondiale de la Santé (2022). Santé mentale : données mondiales et prévisions.
- Santé Publique France (2023). Baromètre Santé 2023.
- Apicil (2024). Santé mentale au travail : chiffres et impacts.
- Rosenberg, M. B. (2005). Les mots sont des fenêtres.
- d'Ansembourg, T. (2001). Cessez d'être gentil, soyez vrai.
- Damasio, A. (1994). L'erreur de Descartes.
- Siegel, D. (2010). Le cerveau de votre enfant.
Et si c’était le moment de ramener plus de conscience et de paix dans vos relations ?
Je vous accompagne, à votre rythme, pour explorer et intégrer la Communication Non Violente dans votre quotidien — que ce soit en séance individuelle, en atelier collectif, ou lors d’une intervention en structure.
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